ODD11 – Villes et Communautés Durables : Comprendre le concept

ODD11 – Villes et Communautés Durables : Comprendre le concept

La transformation des Objectifs du Millénaire pour le developpement en Objectifs de developpement durable par les Nations Unies en 2015, a accouché de nouvelles philosophies pour la prospérité mondiale. Parmi celles-ci, se trouvent la consécration des villes et communautés durables. Une telle enseigne dessine ce que doit être les villes de demain, et n’échappe pas au Cameroun qui est sujet aux mêmes exigences. Savez-vous vraiment à quoi fait référence les villes résilientes ?  Villes & Communes vous éclaire.

Face à l’apparition de nouveaux défis, une urbanisation de plus en plus galopante dans nos pays, les acteurs internationaux ont formulé de nouveaux indicateurs : des villes résilientes. Il faut comprendre par ville durable, une expression qui désigne une unité urbaine respectant les principes du développement durable et de l’urbanisme écologique.

Les localités durables prennent en compte simultanément les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l’urbanisme avec les habitants, par exemple au travers d’une architecture, en facilitant les modes de travail et de transport propres. Ce sont souvent des éco-villes ou éco-quartiers cherchant à diminuer leur empreinte écologique. Leur gouvernance se fait généralement suivant des modes de démocratie participative et parfois un objectif d’autarcie énergétique, voire alimentaire. On parlerait meme d’éco-villages.

Ce concept est soutenu par l’ONU et l’Europe qui ont via le Comité des Régions d’Europe en 2012 dans le cadre « Rio + 20 » signé un accord de partenariat pour des villes et des régions durables. De plus les villes durables varient selon le contexte géographique, mais aussi les thèmes de la gouvernance, du réchauffement climatique, de l’énergie, des déchets et des transports, des milieux ainsi que la biodiversité qui sont mis en avant.

Avenue Kennedy inondé le vendredi 20 septembre 2019 à la suite d’une grosse pluie.

La question de l’environnement apparaît comme majeure et transversale. Il s’agit aussi d’adapter les villes aux impacts inévitables du réchauffement global. Face aux problèmes de périurbanisation et d’empreinte écologique croissante, le modèle urbain classique semble avoir atteint ses limites. Deux tendances se présentent : le modifier radicalement pour produire des villes nouvelles écologiques, ou l’adapter par des mesures plus simples.

En outre, sur la base d’exemples déjà réalisés, ce concept de communauté durable interroge des collectivités territoriales impliquées dans les projets de quartiers ou de rénovation urbaine, les conduisant à réfléchir sur la « soutenabilité » de la ville, c’est-à-dire de son impact sur le futur, de son identité et de sa capacité à se maintenir dans le temps. Il encourage un projet politique et participatif ferme, ambitieux et non élitiste.

Par ailleurs, l’offre étant encore très faible, et les urbanistes et architectes formés à l’application des principes du développement durable étant encore rares, le risque existe de voir se développer des éco-villes élitistes, réservés aux plus riches.

Une partie des conditions de la transition urbaine est de nature politique et culturelle, mais d’autres conditions sont scientifiques, techniques et pluridisciplinaires. Dans ces domaines, les tests, les certifications, les rédactions de normes prennent du temps et le monde de la formation et de la recherche scientifiques doit aussi répondre à de nouveaux besoins des acteurs de l’urbanisme, notamment de gestion sur des bases scientifiques.

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Poste centrale sous les eaux, Yaoundé

Une autre limite a été que le concept de ville durable est resté longtemps mal défini, et ne disposant donc pas de principes, indicateurs et critères clairement mesurables. De ce fait de nombreuses villes pouvaient d’auto-déclarer « ville durable ». Ceci commence à changer : peu à peu des chercheurs, des villes et des institutions ont testé divers moyens de quantifier des données objectives et ont voulu produire des indicateurs utiles (par exemple depuis 2015 via une nouvelle « norme ISO 37120 » (Sustainable Development of Communities: Indicators for City Services and Quality of Life) qui inclut maintenant 46 indicateurs.

La notion de ville durable a aussi été critiquée pour avoir parfois servi de paravent à des opérations de rénovation urbaine à haute qualité environnementale, les autres aspects du développement durable, en particulier l’aspect social, ayant pu être délibérément oubliés. De ce fait, en évinçant la dimension politique inhérente à toute opération de production urbaine, la ville durable, surtout si elle se limite à un verdissement d’opérations d’urbanisme classique, peut reproduire certains excès.

Villes durables : Qu’en est-il du Cameroun ?

Les pouvoirs publics camerounais, tentent tant bien que mal de s’arrimer à cette nouvelle donne. Cependant les collectivités territoriales camerounaises à l’instar de la Commune de Bangangté (région Ouest-Cameroun), Commune de Bikok (région du Centre) via le programme Energie durable, la Commune de Dschang à travers la gestion efficiente des déchets, sont quelques illustrations. A ce propos, en dehors des actions de la société civile qui parfois se greffent à des microprojets locaux au bénéfice des villes, ne représentent pas grand-chose dans l’échiquier macro, tout en additif des experts, universitaires ou encore meme des partenaires au developpement. L’addition des quartiers précaires dans nos grandes villes, la mise en demeure de nos espaces en campagne sont encore autant de contingences qui règnent. Chaque habitant construit comme il veut, et comme il peut, sans suivre les canons de la philosophie durable malgré tout l’armada des politiques nationales restées négligées et non-respectées dans leur ensemble.

Yaoundé, IFC empêtré suite à la pluie du 20 septembre 2019;

Dénommée «J’améliore ma ville», une campagne urbaine nationale avait par exemple été lancée à Yaoundé par Jean Claude Mbwentchou, ancien ministre de l’Habitat et du Développement urbain (MINHDU), le 11 octobre 2014. D’après lui, cette campagne que promeut le Programme de l’Organisation des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) visait à sensibiliser et à développer la conscience des populations urbaines sur les comportements à adopter pour avoir de meilleures villes.

Malheureusement, cette manifestation qui avait mobilisé grand monde avait été marquée par une marche sportive des populations des 7 communes que compte la capitale du Cameroun sans pour autant faire accoucher de recommandations durables et suivies. Pourtant ce programme était axé sur six principes : une ville résiliente, une ville verte, une ville sûre et saine, une ville inclusive, une ville planifiée et une ville productive.

Toutefois, selon le MINHDU, il avait été organisé des séances de concertations avec les acteurs du développement urbain au Cameroun. Et pour capitaliser davantage l’initiative qui participe du développement durable des agglomérations, l’architecte des villes au Cameroun a demandé à tous les acteurs du secteur de continuer des concertations.

Les acteurs nationaux entendent inscrire la lutte contre le changement climatique et la préservation des milieux naturels au cœur de la politique de développement urbain sous la houlette du MINHDU. De  nombreuses questions peuvent se poser notamment sur la pertinence des initiatives avec le Programme C2D Urbains capitales régionales qui est soutendue par l’actuelle MINHDU Célestine Ketcha Courtès, dont les glissières de logement d’Olembé notamment ressuscitent le rapport qualité-prix, les standards internationaux, le profil des acquéreurs, et remettent en scelle la problématique d’une offre de logement accessible à tous : Le Cameroun n’est pas encore sorti de l’auberge.

 

Des contingences continuelles au Cameroun, que faire ?

 

Nos villes sont marquées par une forte croissance urbaine et un étalement important. Cette urbanisation rapide et peu planifiée (absence de schéma d’aménagement validé entre 1959 et 2012) a conduit à l’installation de populations précaires dans les zones humides, à proximité des drains que ce soit à Yaoundé et Douala. Ces populations cumulent donc une forte vulnérabilité :

1-Aux inondations

2-Difficultés socioéconomiques: absence d’infrastructures de base, situation sanitaire dégradée, activités informelles, occupation sans titre de propriété, etc.

Au-delà, l’urbanisation conduit à la dégradation et à la disparition des zones humides et des fonctions de régulation qu’elles jouaient jusqu’ici ; ceci dans un contexte de changement climatique. La prise en compte des effets du changement climatique est plus récente : le Cameroun a récemment publié son Plan National d’Adaptation au Changement Climatique en 2015. Douala par exemple s’inscrit dans cette démarche. Elle est à la tête du réseau pour la formulation des réponses des villes d’Afrique centrale aux défis climatiques et environnementaux, dans le cadre des travaux de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF).

 

 

 

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Manfred Essome
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Intéressé par les questions internationales, il a pris ses marques en radio et télévision.

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