Maroua: A quand la reconstruction du Pont de Palar?

Maroua: A quand la reconstruction du Pont de Palar?

En attendant la mobilisation de 5 milliards FCFA par l’Etat, les échanges commerciaux entre le Cameroun et les pays voisins sont paralysés.

Garba Haman a le visage froissé. La trentaine bien sonnée, ce chauffeur de gros porteur ne décolère pas. Assis sur une natte étalée au bord de la route, au lieu-dit Froiina à l’entrée de la ville de Maroua, il se lasse de la longue et folle attente. La frustration est bien visible sur son visage. Son calvaire dure depuis plusieurs jours. Parti de Kousseri le mardi en journée, c’est au petit matin du mercredi qu’il arrive à Maroua en vue de rallier Douala.

Là-bas, le conducteur chargera une marchandise à destination de Ndjamena. Mais impossible pour lui de traverser Maroua en journée. Il est contraint de garer son engin au lieu-dit Froiina. Sur place, il retrouve une longue file de camions garés à perte de vue. Ces gros porteurs attendent 20h, heure indiquée pour traverser la ville. Il en est ainsi depuis l’effondrement du pont de Palar le 31 août dernier.

«C’est un obstacle à dire vrai puisque ça nous pénalise. Au lieu de faire par exemple 02 jours de route, tu es désormais obligé de faire 4 jours avec cette escale obligatoire à Maroua si tu arrives en Journée. Cela a bien évidemment un coût mais surtout un impact dans la célérité en matière du transport de marchandises. Après la visite d’une forte délégation interministérielle on s’attendait au démarrage effectif des travaux mais jusqu’à présent rien. Ça nous inquiète et ça commence à être comme juste une promesse», se plaint ce conducteur de camion.

Il «passe des heures supplémentaires sur la route», du fait des mesures de restriction de leur circulation en journée dans les artères de la cité capitale de l’Extrême-Nord.

Ce sentiment largement partagé par les conducteurs de gros porteurs, est aussi celui qui anime les riverains situés de part et d’autre de cet ouvrage de franchissement. L’annonce en grande pompe par une délégation interministérielle descendue au lendemain du sinistre à l’effet d’évaluer et de rassurer la population tarde encore à se concrétiser.

«Jusqu’à présent nous ne voyons pas des engins sur le terrain pour nous rassurer sur un quelconque démarrage des travaux de construction du pont de Palar. Actuellement nous souffrons tellement pour rallier le centre-ville. Avant l’effondrement du pont, il fallait simplement débourser 100F ou 150F pour partir de Palar pour Pitoaré. Mais depuis que le pont s’est cassé il faut contourner et le prix du transport a doublé voir triplé. C’est vraiment coûteux et pénible pour nous. Et si l’on veut par exemple prendre le raccourci, il va falloir obligatoirement se déchausser. Ce que nous vivons est déplorable», fulmine Soulemanou Hamawa, habitant du quartier Palar.

Ce dernier appelle le gouvernement à voler au secours des populations en accélérant le projet de reconstruction du pont Palar « Nous souhaitons que le chef de l’Etat ordonne rapidement le .démarrage des travaux du pont de Palar pour nous faciliter la tâche», lance-t-il, en guise de plaidoyer à l’endroit du gouvernement.

5 milliards

La construction du pont de Palar n’est pas imminente. Selon des informations recueillies auprès de certains responsables de la mission de contrôle, chargés de l’exécution des travaux de la route Maroua-Mora, lesquels seront également chargés de la reconstruction du pont de Palar, il faut encore attendre plusieurs années pour voire le début des travaux sur le pont. Et pour cause, «l’Etat peine à mobiliser 5 milliards de Fcfa nécessaires pour l’exécution des travaux», explique Serge Mengue, le chef de la mission de contrôle.

«Lors de la visite de l’équipe gouvernementale il y’a deux mois, ‘nous avions déjà une de joncture où nous avons fait des études préliminaires avec un coût sommaire de construction du pont qui était évalué à 5 milliards de F» fait savoir Mengue Serge. En attendant la mobilisation des fonds, les spécialistes misent sur la construction d’un radié sur le lit du mayo Kaliao dans un bref délai.

C’est à l’effet de faciliter les échanges et la traversée jusque-là paralysés par l’effondrement du Pont Palar. La construction de ce radié coûtera 4 00 millions de F CFA à l’Etat camerounais, selon les premières estimations faites par les équipes techniques descendues sur le terrain. En outre, la première tranché de 15fe millions a déjà été mobilisée.

«Nous avons opté construire le radié pour des raisons évidentes. Mobiliser 5 milliards est un peu plus compliqué. D’ici la fin du mois de décembre nous allons engager les travaux de ce radié. Jeudi dernier toute l’équipe est allée sur le terrain pour finaliser les études. On s’est rendu compte qu’il y’a encore de l’eau qui coule et le radié se construit en saison sèche. Donc on a fort espoir que fin décembre on pourra démarrer effectivement les travaux du radié», rassure le chef de la mission de contrôle du projet de construction de la route Maroua-Mora

Alors que les jours passent, la mobilisation des fonds pour la construction du pont de Palar se fait attendre. L’incertitude gagne la population. Les espoirs de celle-ci de. voir ce pont en 2021 se dissipent progressivement. «Dieu seul sait combien d’années il faudra encore attendre pour ce pont», se lamente Guidebé Jean, étudiant à l’Université de Maroua.

Source: Médias

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