Festival International Part’Ages: Exhumation des Martyrs à travers Mongo Béti
« Au commencement était la Parole, et la parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » Jean 1-1. Cette référence biblique traduit qu’au milieu des civilisations, se situait un langage de force. La parole, cette matrice qui nous guide dans et au-delà du temps, porte les images de l’histoire, notamment au Cameroun. Pour sa première édition ouverte le 8 Octobre 2020 à l’IFC-Yaoundé, le Festival s’est transformé en un véritable labyrinthe du donner et du recevoir, & un salut à nos mémoires.
Pour ce premier acte, le temps pluvieux n’a pas découragé les amoureux de l’art de s’y retrouver. Festival Part’Ages, Partages si vous le voulez, a été l’occasion de mettre en lumière les arts de la scène et de la parole. Entre une salve de danses de nos contrées Ekang des régions du Centre, un clin d’œil patrimonial a été effectué. Comme un retour à nos traditions et notre héritage culturel, la dimension du temps et de l’espace ont été savamment mariés entre modernité et us.
Exorciser la privation de parole
Se défaire de cette malédiction, qu’est la privation de parole. Un slogan qui est légitime au regard de l’actualité ambiante, mais aussi lorsqu’on fait un retour en arrière. La pièce présentée par la comédienne Becky Beh et David Kono, avait un air de lamentations. Justifié ? Peut-être, mais toujours est-il que les leçons de l’histoire sont à la fois les plus douloureuses, et les plus difficiles à évacuer de la mémoire collective. D’Ernest Ouandjié à Ruben Um Nyobè, le Mpondol, celui qui porte la parole des siens, nos héros nationaux ont été exhumés de nos liens avec la France, l’Allemagne ou encore l’Angleterre. Ernest Ouandié, né en 1924 à Badoumla (arrondissement de Bana, région de l’Ouest du Cameroun), mort fusillé le 15 janvier 1971 à Bafoussam sous le régime d’Ahmadou Ahidjo, est une figure de la lutte pour l’indépendance du Cameroun au sein de l’Union des populations du Cameroun (UPC), puis un des principaux acteurs de la guerre civile à partir de l’indépendance en 1960 lorsque le parti déclenche une insurrection pour renverser le nouveau régime
L’un des artificiers qui a su mettre notre histoire en écrits à l’image de Mveng Engelbert, est Mongo Béti, un patriarche, un témoin de son époque. Alexandre Biyidi Awala de son vrai nom (en littérature Mongo Beti ou Eza Boto), né à Akometam (Cameroun) le 30 juin 1932 et mort à Douala le 7 octobre 20011, est un écrivain camerounais francophone. Romancier renommé, il a également été essayiste engagé, enseignant, libraire, journaliste et éditeur.
En 1972, il revient avec éclat à l’écriture. Publié par François Maspero, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande, relayée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspero obtiennent en 1976 l’annulation de l’arrêté d’interdiction de Main basse.
Son ouvrage réédité « Africains si vous parliez » en 2005, est le miroir de la pièce proposée au public par l’équipe Beh. Comme une autopsie de notre mémoire historique, entre colonisation, décolonisation, et colonisation améliorée en 2020, tout est réuni pour une introspection. Le camerounais a-t-il encore raison de se lamenter plutôt que de chercher les clés de ses propres chaines ?
Toujours est-il que le Festival invite à bannir la malédiction d’une liberté d’expression bafouée, devant le regard presque complice de nos oppresseurs d’antant. Un appel à une génération consciente comme le souligne si souvent Claudy Siar d’RFI, à l’exorcisme de nos richesses culturelles afin de montrer notre authenticité face à un monde de plus en plus ouvert, et dont les frontières se brisent au gré de connections diverses. Que le Partage soit !
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