Criminalité urbaine : quel rôle pour les populations ?
C’est à une scène comme il en est dans les habitudes des populations camerounaises que le Reporter de Villes & Communes a assisté jeudi 15 mai 2014 au quartier Obili à Yaoundé peu après 19H30. La scène se déroule devant un hôtel situé non loin d’une école de formation appartenant à l’université de Yaoundé II. Un homme, la quarantaine révolue, entouré d’une foule silencieuse, tient une dame de la même tranche d’âge au niveau de sa poitrine. L’homme présente un avant-bras déchiré par une morsure de sa compagne de circonstance. Dans une colère digne d’un chien de garde, il s’agrippe sur cette dame devant la foule où on peut visiblement distinguer un agent de police en tenue. Il reste d’ailleurs muet devant cette violence sur la voie publique.
La montée de l’adrénaline est au rouge entre les deux adultes. Celle-ci est momentanément interrompue par le Reporter. Durant cette accalmie, les deux parties s’insultent dans une ambiance rythmée par les rires de la foule. Reprise de l’affrontement. Nouvelle intervention du Reporter. Qui, cette fois, propose aux parties de se diriger vers le commissariat du 13ème arrondissement, le plus proche. Dans l’attente du taxi devant les transporter, un autre round de cette bagarre non règlementée reprend. La population de l’autre côté de la route observe sans mot dire. Le Reporter, arbitre de circonstance, obtient un autre temps mort, le temps de prendre place dans le taxi après de nombreuses tentatives infructueuses.
Dans le taxi, c’est le début d’un autre round. C’est l’intervention d’un chauffeur de moto à usage taxi qui va obliger le chauffeur de véhicule à stationner. Le temps de demander à un des adversaires d’occuper le siège avant du taxi. Ce qui est fait. Direction le commissariat du 13ème arrondissement dans la querelle, et les insultes qui fusent des deux camps. Sur le lieu, nous sommes accueillis par les crépitements des magnétophones. Dans la salle d’accueil où sont disposés des motos à usage taxi, un officier de police principal sur instruction du commissaire, rappelle un collègue parti un peu plutôt. Au moment de raccrocher son téléphone portable, il informe son supérieur hiérarchique que le collègue affirme qu’il ne peut reprendre son poste faute d’argent de taxi. Le commissaire, un air enragé, se lève. Il se dirige vers son véhicule de service estampillé aux logos de la Police camerounaise de marque Toyota, et démarre.
L’officier de police se retourne alors vers le « couple ». Présentation du motif de la présence par le Reporter. Réception des cartes nationales d’identité des acteurs de la violence sur la voie publique. Premières collectes des éléments par l’officier de police principal sans procès verbal. Au terme de cette étape préliminaire, l’officier de police lance : « merci, M. le journaliste, nous avez bien fait » avant d’embarquer le « couple » vers une pièce intérieure du commissariat. La dame, se retourne vers le Reporter et insiste pour avoir son contact. Sur insistance, ce dernier lui remet une carte de visite. « Merci », lance la dame qui vient d’échapper à la bastonnade publique de son compagnon depuis 10 ans, mais en cours de séparation suivant ses déclarations devant l’officier de police. Il est 21 heures 30 lorsque nous quittons le commissariat du 13ème situé à Mvog Betsi, sur l’un des versants de la barrière de protection de la base de la garde présidentielle au quartier Melen à Yaoundé.
Avant cette scène, au sortir de la Délégation générale à la surêté nationale, le 14 mai 2014, une autre action de la Police s’est déroulée au lieu dit Ecole de police à Yaoundé. Trois policiers, en civil, venaient de mettre fin à une filature d’un malfrat. La filature a commencé selon les sources policières au marché Mokolo, un des plus vastes et courus de la capitale du Cameroun. Mal en a pris au malfaiteur lorsqu’il s’est orienté vers les habitations situées en face de la station d’essence MRS Ecole de police voulant échapper à la vindicte populaire du quartier d’en face, La Briqueterie, réputé plus hostile aux malfaiteurs. Malheureusement, la tentative de diversion n’a pas produit les effets escomptés lorsque le malfrat a voulu s’introduire dans une des maisons de ce quartier surpeuplé et aux règles d’urbanisation approximatives.
Son subterfuge est dévoilé lorsqu’un des occupants lance « ô voleur ». La formule bien connue a aussitôt été reprise par les habitations voisines. Mis en difficulté, le malfrat se jette dans une clôture. Un soulagement pour les policiers et la population. Car, il ne s’agit rien d’autres que de l’enceinte de l’Ecole de Police de Yaoundé. Le malfrat est d’ailleurs directement suivi par deux des agents de police en civil dans cette institution de formation des officiers de police nationaux et en provenance d’autres pays africains. Une fin de parcours qui sonne dans cette partie de la ville de Yaoundé comme une détermination de la police à pousser au loin la criminalité dans la ville. Puisqu’il s’agit d’un cas qui vient s’ajouter à d’autres chasses à l’homme menées par les forces de l’ordre dans cette zone.
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