Jochen Mattern : “Vers une décentralisation fiscale”

Jochen Mattern : “Vers une décentralisation fiscale”

Jochen Mattern, Coordonnateur du Secrétariat du Réseau DeLoG

« Le développement par la décentralisation est lié à la décentralisation fiscale »

Le  réseau « Decentralisation & Local Governance » – DeLoG – réunit la crème des partenaires techniques et financiers internationaux impliqués dans le développement. Nous avons rencontré le Coordonnateur du Secrétariat de ce réseau à la fin du séminaire régional sur les Systèmes nationaux de suivi-évaluation des reformes de la décentralisation qu’il a organisé à Yaoundé du 17 au 19 Juin 2014. Les participants venaient des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Villes & Communes : Quels sont les objectifs du réseau DeLoG qui vient d’organiser le séminaire régional sur les systèmes nationaux de suivi-évaluation des réformes de la décentralisation à Yaoundé du 17 au 19 juin 2014 ?

Jochen Mattern : Notre volonté est de regrouper l’ensemble des partenaires techniques et financiers impliqués dans la décentralisation. Il s’agit donc de 27 Partenaires techniques et financiers qui veulent harmoniser leur action en matière du financement de décentralisation. Ce réseau existe depuis 2006, juste avant la Déclaration de Paris qui marque l’engagement de la communauté internationale à améliorer le financement du développement. Et ce séminaire organisé au Cameroun rentre dans cet axe de travail. Il est donc important pour les pays africains et les partenaires techniques et financiers internationaux de faire le point et de réfléchir sur le financement  du développement dans les prochaines années.

On a l’impression a que votre réseau veut véritablement apporter de nouvelles pratiques dans le développement local dans les pays africains. Qu’est que vous venez corriger ?

Nous ne venons pas corriger quelque chose. Nous voulons amener les Etats à intégrer l’importance des systèmes nationaux de suivi-évaluation dans leurs actions. Jusqu’ici, toutes les données étaient faites par les partenaires techniques et financiers. En cela, nous pensons que ce séminaire permettra aux différents responsables des administrations étatiques de mettre en place des systèmes harmonisés. Pour ceux qui en ont déjà, il faut apporter des améliorations à leur système.

Quelle est alors l’importance du suivi-évaluation dans le domaine de la décentralisation ?

Lorsqu’on veut avoir des résultats, il faut toujours suivre l’action qui est menée sur le terrain. Il faut donc nécessairement collecter des données et les indicateurs de résultat obtenus. Le suivi-évaluation constitue alors un élément clé des politiques de développement.

Après le Cameroun, DeLoG ira où en Afrique ?

Nous avons une bonne expérience en Afrique centrale grâce à la coopération allemande qui agit sur le terrain à travers la GIZ. Au terme de ce séminaire, nous allons publier un « Working Paper » qui sera  également mis à la disposition du grand public. C’est un moyen que nous utilisons pour sensibiliser la communauté internationale sur certaines questions liées au développement local. Nous comptons dans un avenir proche engager des actions en direction de l’Afrique anglophone. Il faut penser la décentralisation en Afrique sous le prisme d’une approche globale. L’Afrique, par ailleurs, est le premier bénéficiaire de nos actions à travers le monde.

Est-ce que dans l’esprit des partenaires au développement, la décentralisation est la seule voie susceptible de sortir l’Afrique du sous-développement ?

La décentralisation est une option universelle. Il n’y a aucun Etat au monde qui peut vivre sans déconcentration ou décentralisation comme système d’administration territoriale. Mais, l’expérience nous montre que les pays développés sont ceux là qui ont mis en place des modes de gouvernement locaux élus. C’est un élément de gestion transparente et de légitimation pas seulement au niveau horizontal mais aussi vertical.

L’autre chose est que les gouvernements locaux connaissent mieux les besoins de leur population et normalement s’ils sont efficaces, ils peuvent mieux offrir des services aux populations. Mais, le développement par la décentralisation est intimement lié à la décentralisation fiscale. Parce qu’il faut toujours financier les compétences reçues par les gouvernements locaux. Il faut donc une autonomie financière des collectivités territoriales pour une décentralisation effective. Et là, c’est un processus irréversible en Afrique.

Précedent David Abouem à Tchoyi : « Le suivi-évaluation permet aux populations de juger ceux qui les dirigent »
Suivant Objectifs du Développement Durable : la culture dans le « Zero Draft » ?

Auteur

Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

Voir tous les articles de cet auteur →

Vous pourriez aussi aimer

L'Invité

CAN 2019 : évaluation des chantiers dans le littoral

Le gouverneur de la région Samuel IVAHA DIBOUA a entamé le 23 avril dernier, une visite des infrastructures sportives devant accueillir la compétition continentale. Première étape de ces inspections par

L'Invité

Kengne Fodouop : “Anticiper de 10 ou 20 ans l’avenir de nos villes”

Villes & Communes vous propose une retranscription de l’interview accordée par le géographe et écrivain à Ibrahim Chérif sur la Cameroon Radio Television (CRTV) le 27 juillet 2014. Le Professeur

Actu Cameroun

Aicha Ivoukou : « Nouakchott fait face à d’énormes difficultés en matière de logements et services essentiels »

La Vice-Maire de Nouakchott, a mis en exergue les défis urbains auxquels la capitale mauritanienne est confrontée face à une démographie galopante et le cout de la vie. Interview à

0 Commentaire

Aucun commentaire pour l'instant!

Soyez le premier à commenter cet article!

Laisser un commentaire