Fiche : l’entretien des forages

Votre journal, dans son souci de toujours mettre à la disposition de ses lecteurs et des exécutifs municipaux l’information utile, permettra à des cabinets comme Cgv de fournir des fiches pratiques comme celle de cette édition qui donne des conseils sur l’entretien des forages.

Le forage est un puits de petit diamètre (18 à 50 cm), réalisé avec une machine spéciale (foreuse), atteignant des profondeurs suffisantes pour capter les aquifères sur plusieurs dizaines de mètres. Il est consolidé par un tubage en acier ou en Pvc. Une fois la nappe phréatique trouvée, on réalise un tubage du forage, en plaçant des tuyaux crépinés aux endroits où l’on voudrait capter une arrivée d’eau et les tuyaux pleins où il n’y a pas d’arrivée d’eau. Les venues d’eau non souhaitées sont isolées par cimentation. Notons que la cimentation, le matériau de remblai, et le gravier de filtration sont placés dans l’espace annulaire (espace entre le tubage du forage et les parois du trou réalisé). Le massif filtrant a pour rôle d’empêcher l’infiltration des particules solides dans le forage.

L’ouvrage de captage est conçu pour éviter les infiltrations directes des eaux de surface le long du tubage du forage ; prévoir pour cela un tubage plein dont l’étanchéité dans les zones superficielles du forage est garantie par une cimentation de l’annulaire, sur au moins 5 mètres de profondeur. Un massif filtrant constitué de graviers correctement calibrés remplit l’espace annulaire dans la zone de forage. Un bouchon d’argile coulé à la partie supérieure du massif filtrant permet d’éviter toute communication entre la zone superficielle et la zone captée. Le scellement de la pompe doit se faire de manière étanche, afin d’éviter les infiltrations d’eau ou le passage de vers et d’insectes.

Le forage d’eau est un investissement coûteux qui nécessite un entretien régulier, si on veut lui conserver ses caractéristiques de départ et une eau de qualité.

Gestion de l’ouvrage

Il s’agit en fait du suivi du fonctionnement du comité de gestion du point d’eau après la réalisation de l’ouvrage: entretien du point d’eau ; cotisations dans les caisses de maintenance ; protection du point d’eau par une haie vive ; vérification permanente de la qualité de l’eau et du débit du forage ; situation des cas de maladies dues à l’eau au sein de la communauté.

Les types de gestion qui existent sont la gestion communautaire, la gestion déléguée et la gestion en régie. Nous nous limiterons ici à la gestion communautaire qui est appliquée pour les petits centres ruraux, pour les forages munis de pompes à motricité humaine. Elle s’effectue avec les comités de point d’eau (CPE) et les réparateurs villageois.

Le recouvrement est assuré par un paiement de l’accès à l’eau, le plus générale- ment par une cotisation forfaitaire par famille, soit par le système volumétrique basé sur le prix d’un seau d’eau d’une contenance connue (en général 12 litres). Les prix pratiqués sont fixés par délibération de l’assemblée générale des bénéficiaires en tenant compte de tous les aspects économiques de l’exploitation.

Le processus de mise en place de la gestion communautaire s’effectue selon l’approche IEC (Information, Éducation, Communication) de mobilisation et d’organisation communautaire.

Il sera mis en place un comité de gestion de l’ouvrage selon une organisation communautaire au niveau de la commune. Les entités intervenant dans l’organisation communautaire sont le comité et/ou le responsable de Gestion de l’installation, les réparateurs qui doivent avoir reçu une formation, les fournisseurs de pièces détachées. Il est tenu de faire des rapports périodiques à la Communauté lors des réunions ordinaires ou extraordinaires définies. Tous les engagements de dépenses sont décidés (avec PV) en assemblée générale de la communauté, et le CPE est chargé de son exécution. La commune a un droit de regard sur la conformité de la destination des dépenses.

Le recouvrement des coûts peut se présenter sous deux formes : La vente de l’eau ou la cotisation forfaitaire périodique.Le mode de paiement se fait soit au comptant ou en prépayé par utilisation de ticket. C’est la commune qui décide de la forme du recouvrement des coûts en fonction du contexte local et de la capacité financière de chaque communauté. Les mouvements des fonds doivent suivre la procédure suivante : d’une part dans les localités où sont implantées des institutions financières, les fonds doivent y être déposés. Mais le trésorier peut détenir en espèces une somme d’argent dont le montant est fixé par le CPE. D’autre part, dans les localités où il n’y a pas d’institutions financières, le trésorier garde la caisse. Mais si le montant de la caisse dépasse une somme à fixer par la commune, elle devra être déposée dans une institution financière la plus proche.

Maintenance

L’eau est stockée dans le sol et filtrée à mesure qu’elle se déplace dans le sol sableux. Cependant, il y’a des risques que l’eau souterraine peu profonde soit contaminée suite à l’infiltration de produits polluants provenant de la surface. Afin de ramener ce risque au niveau le plus bas, il est absolument nécessaire de sensibiliser les populations locales aux précautions suivantes : ne pas déféquer à ciel ouvert près du lit de rivière en amont ; ne pas attacher les animaux au bord du forage ; ne pas se baigner ni faire la lessive en amont ; ne pas utiliser de pesticides et des produits chimiques en amont ; un exutoire gravitaire doit être installé en aval et il doit être entretenu.

Il est nécessaire d’observer les règles ci-dessous pour obtenir une longévité maximale du forage et retarder les phénomènes de vieillissement : éviter les démarrages fréquents de la pompe ainsi que le pompage continu 24h/24 ; ne pas dépasser le débit maximal d’exploitation ; ne pas faire descendre le niveau de l’eau sous le sommet des crépines.

Il existe une grande variété de marques de pompes utilisées dans notre pays: Afridev, Briau, India, Mono, Sbf, Swn 80, Vergnet et Volonata. Cette situation rend pénibles les problèmes de maintenance de ces équipements, car on ne retrouve pas souvent les pièces de rechange.

En plus de la maintenance du système de pompage et des aménagements de surface, il est nécessaire d’effectuer tous les ans une analyse complète de l’eau (bactériologique et physicochimique) et la vérification du système de pompage ; tous les 3 à 5 ans, un pompage d’essai et la mesure de la profondeur totale du forage.

Les coûts de maintenance annuels représentent d’une manière générale environ 15 % du prix de l’installation, et environ 9% des dépenses globales. Au Cameroun, on peut estimer le coût de maintenance d’un puits équipé d’une pompe à motricité humaine à environ 8% des dépenses globales de construction.

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