08 août 1914 – 08 août 2012: motus sur Martin Paul Samba
Le 08 août est un jour de triste mémoire pour les Camerounais qui refusent de s’en souvenir: ce jour-là mouraient pourtant deux héros du Kamerun.
Il y a pour les pouvoirs publics comme un malaise à évoquer la mémoire de ceux des Camerounais qui choisirent de mourir pour l’idée qu’ils se faisaient de leur pays. Martin Paul Samba fait partie de ces malheureux héros dont la nation refuse de se souvenir. A peine lui a-t-on réservé une minable rue à la dénomination inconnue du grand public à Yaoundé, au quartier Ngoa-Ekelle, voie numéro 3.351, localisation G6.
Le 08 août 2012, rien n’a donné l’impression qu’on voulait commémorer le souvenir de cet homme qui défia la toute puissante Allemagne d’avant guerres. A Ebolowa, debout, jaloux de sa liberté et fier, Martin Paul Samba fit face sans trembler au peloton qui mit fin à sa vie.
La légende de Mebenga M’Ebono
Celui que les registres d’état civil connaissent comme Martin Paul Samba a des soucis avec son pays dès sa naissance que certaines sources datent vers 1870 à Akok par Kribi et d’autres vers 1874 à Metungu Engong, près d’Ebolowa. Il n’a pas connu son père, et sa mère, Mengue M’Eyi est décédée après sa naissance. Il reçut de son oncle paternel Obam Ebono qui l’éleva le nom de Mebenga M’Ebono.
Il serait vraisemblable qu’il naquit à Metungu Engong et que sa famille émigra vers la côte et s’installa à Akok.
En 1889, de passage à Kribi, un allemand du nom de Curt Von Morgen prend à son service Martin et embarque avec lui d’abord pour Buea, ensuite pour l’Allemagne. Là, Mebenga devenu Samba étudie pendant 3 ans dans une école allemande, puis pendant 3 ans encore, il fait des études d’Officier dans l’armée impériale, il en sort avec le grade de Lieutenant. Il est au service de l’empereur Guillaume II et pendant son séjour, il obtient le grade de Capitaine (Hauptmann).Il se raconte et ce n’est pas vérifié qu’il revient au pays en 1895 avec la promesse de l’empereur de devenir gouverneur du Cameroun à la place du Gouverneur allemand Von Putt Kamer; mais trahi par ses compagnons de voyage, Samba perdit toutes les lettres qui le nommaient à ce poste au cours du voyage. Conséquence: le gouverneur allemand ne lui donna pas sa place.
Entre 1880 et 1910, lors d’un soulèvement de plusieurs tribus, Samba prend part comme Officier de l’armée allemande à la pacification du pays. C’est pendant ce périple qui dura jusqu’en 1920 qu’il aurait créé, selon une légende, la ville de Nkongsamba qui pourrait signifier «la ville de Samba» ou «la ville aux 7 collines». Cette découverte du Cameroun semble s’être accompagnée d’une conscience des souffrances de ses semblables. Car Samba quitte l’armée Allemande et s’installe à Ebolowa avec la résolution de chasser les Allemands du Cameroun. Avec la collaboration de Duala Manga Bell, Chef supérieur Douala, Madola chef Batanga, Edande Mbita Chef du village Adjap à 30 km de Kribi, il organise la révolte.
Des armes commandées en Europes sont entreposées à Adjap chez Edandé en secret, Samba entraine les jeunes Bulu. le 03 Août 1914, lorsque la France entre en guerre contre l’Allemagne, Samba envoie un message au gouverneur de Brazzaville lui faisant part de son intention d’attaquer l’armée allemande au Cameroun. Malheureusement, cette lettre tombe entre les mains du Chef de région allemand Von Hagen qui résidait à Ebolowa. Ce dernier fait arrêter immédiatement Samba. Et 37 jours après son arrestation, il est fusillé devant la prison d’Ebolowa. Mais avant de mourir sur le poteau d’exécution il cria “Vous n’aurez pas le Cameroun”. Quelques jours plus tard, dans le Nord Cameroun, les lamibé de Kalfu et de Mindif et cinq dignitaires de Maroua sont également tués.
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