Berthe Solenge Somb, Présidente de l’association Lire Ensemble Cameroun : “Impliquer les mairies dans la gestion des bibliothèques”
Enseignante de français depuis près de 20 ans, elle a créé en 2009, cette association afin d’assurer la diffusion des savoirs. Elle porte un regard sur certaines préoccupations autour du livre, trois ans après le lancement de la caravane du livre dans les lycées et collèges du Cameroun.
Quelles premières leçons tirées de la mission de suivi-évaluation que vous venez de conduire dans certains établissements ayant reçu votre dotation en 2011 ?
Il faut dire que la caravane du livre que nous avons lancée en 2011 nous a permis de distribuer 6418 livres dans les établissements publics et privés des régions de l’Extrême-Nord, du Centre, du Sud et du Littoral. Dans une certaine mesure nous avons été les pionniers dans ces établissements qui ne disposaient pas de livres encore moins de bibliothèques scolaires. Les premières observations montrent que les livres sont disponibles. Dans l’ensemble, les chefs d’établissement ont veillé à la conservation de ce patrimoine. Mais le principal problème se trouve au niveau des bibliothèques. Elles sont quasiment inexistantes. Lorsqu’un espace en tient lieu, c’est dans un délabrement que les livres sont disposées. À côté de cela, il se pose un véritable problème de formation des bibliothécaires qui sont les maillons essentiels permettant aux élèves mais aussi aux enseignants de faire la connaissance du livre et d’en faire un usage approprié tout au long de l’année scolaire. Les bons points de cette mission viennent de l’arrondissement de Massock où le lycée de Song Mbengue présente une bibliothèque proche des normes en la matière.
L’on a noté durant les échanges avec les chefs d’établissement qu’il y avait des interrogations sur les dotations de livres orientés pour les bibliothèques. Concrètement, certains affirment qu’il ne s’agit pas toujours des livres au programme…
Cette question pose le problème du manuel scolaire au Cameroun. Il faut que les différentes parties comprennent que les leçons au programme se retrouvent dans plusieurs livres. Il faut aussi faire une différence entre le programme et le livre au programme. Sur le terrain, malgré l’absence de bibliothèques, les jeunes enseignants du Lycée de Meyo Centre dans la Vallée du Ntem ont reconnu qu’ils avaient recours à ces livres pour préparer leurs leçons. D’ailleurs c’est dans ce lycée qu’est venue la première note en mathématiques au cours de la dernière évaluation au niveau de ce département. Au lycée technique de Matomb, le proviseur, enseignant de mathématiques a expliqué qu’il utilisait quatre livres pour faire ses leçons. Ces sont ces expériences que nous encourageons afin de mettre nos élèves aux niveaux conséquents. Ces exemples répondent aussi à nos missions qui visent à lever la frontière artificielle entre littéraires et scientifiques. Toute discipline a sa littérature qu’il faut connaître. Il n’est donc pas exclu que nous associons dans nos prochaines descentes des séances de formation et de sensibilisation sur la relation des enseignants et élèves au livre. Sachant bien que le livre demeure un rendez-vous du donner et du recevoir.
Quels sont les partenaires qui vous accompagnent dans la distribution des livres dans les localités les plus régulées du pays ?
Nous bénéficions des donateurs nationaux et internationaux qui répondent spontanément à nos demandes. Les pouvoirs publics ont apporté par le passé, un appui important pour l’acheminement de certaines cargaisons de l’Europe vers notre pays. Nous continuerons à solliciter ces facilités à chaque fois que l’opportunité se présentera. Les élites locales aussi nous accompagnent sur le terrain en offrant des moyens logistiques pour le transport des livres. Dans la Vallée du Ntem par exemple, nous avons eu l’accompagnement de l’ancien député Ndongo Ndjemba qui continue à suivre cette opération sur le terrain. Mais les principales ressources proviennent de l’engagement constant des membres de notre association qui est d’abord une association d’enseignants.
Vous avez engagé des contacts avec certains élus locaux des différentes localités visitées au cours de cette mission d’évaluation. Faut-il s’attendre à leur implication dans vos différents projets à venir ?
Après quelques étapes au cours de notre mission d’évaluation et face aux difficultés rencontrées par les chefs d’établissement, nous avons eu l’idée de prendre langue avec les élus locaux des localités concernées. Nous pensons que comme notre cible se trouve dans les territoires ruraux, reculés des grands centres urbains, seules les personnes au contact direct avec les populations peuvent faciliter le succès de nos initiatives. C’est ainsi par exemple que nous avons noté l’adhésion totale du maire de la commune de Kye-Ossi, le dernier point de chute qui nous sépare du Gabon et de la Guinée Equatoriale. Heureuse coïncidence, le Sous-préfet qui partage le même espace de travail avec le maire dans cette commune nous a garanti son soutien dans la mise en place d’une passerelle entre notre projet et la commune. Des contacts ont été pris à chacune de nos étapes. Il reste à définir les cadres dans lesquels nous pouvons permettre la diffusion des connaissances dans nos municipalités tant en période scolaire que non scolaire. Les communes, comme les établissements scolaires des zones reculées de notre pays connaissent des problèmes de bibliothèque qu’il faut résoudre.
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