Recrutement des RH : Comment les Maires procèdent-ils ?

Cette quinzaine, Villes & Communes a choisi de vous accompagner dans la compréhension d’une question complexe qui témoigne d’un type de préoccupation que pose le processus de décentralisation et que les parties prenantes doivent solutionner devant le flou de la loi : le recrutement des ressources humaines.

Au moment où les transferts de deuxième génération s’effectuent au Cameroun, il est de bon droit de questionner la qualité des ressources humaines utilisées par les communes du pays. La présente enquête sera complétée par le dossier de la prochaine édition de V&C. Mais déjà, voici quelques avis émis par les acteurs à des degrés divers du processus de décentralisation dans notre pays. Que prévoit la loi ? Comment s’effectuent les recrutements ? A quelles pressions les élus font-ils face ? Cette enquête fait le tour de la question.

Ouest : Copinage et mérite au rendez-vous dans les recrutements

Les procédures de recrutement du personnel communal diffèrent d’une commune à l’autre, parfois au mépris des textes en vigueur.

A l’ère de la décentralisation, la commune d’arrondissement de Bafoussam 2e, dans le département de la Mifi, figure au nombre de celles qui conduisent la barque en matière de recrutement et de gestion du personnel. Dirigée par le Social democratic front (Sdf), un parti de l’opposition, cette commune a eu la chance de travailler avec des partenaires au développement qui sont très rigoureux en matière de bonne gestion. Question de se rassurer qu’on concilie équité et mérite. « Tout recrutement ici à la commune d’arrondissement de Bafoussam 2e fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt. Entre temps, une commission où siège le représentant du ministère du travail et de la sécurité sociale est mise sur pied pour le dépouillement. Les plis sont ouverts en commission et seuls les plus méritants sont retenus au terme du processus. La gestion d’une commune n’est pas d’accepter faire, mais assumer et payer le personnel », explique le maire

Emmanuel Tagne Ngeko. A l’en croire, les personnels communaux doivent produire un rendement mensuel, d’où la rigueur observée dans le recrutement qui fait d’abord l’objet d’une délibération au sein du conseil municipal. Ici, les conflits de compétence entre le maire et les agents communaux sont conjugués au passé.

A la Communauté urbaine de Bafoussam (Cub) par contre, la situation est toute autre. Quelques mois seulement après sa prise de fonction, Emmanuel Nzeté, le délégué du gouvernement, n’avait pas hésité à remettre en question la qualification des employés trouvés sur place. «N’occuperont désormais des postes à la communauté urbaine de Bafoussam que des agents méritants », avait-il seriné dès son arrivée. En vue d’un redéploiement de ce personnel, le service des ressources humaines avait procédé à une vérification des diplômes, en vue du nettoyage. Au terme du processus, il a été constaté que beaucoup d’employés ne méritaient pas leur poste. Par la suite, un nouvel organigramme de la Cub avait été mis sur pied, conformément aux textes du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Certaines personnes avaient pensé au départ qu’il s’agissait d’une chasse aux sorcières, dans l’optique de mettre de côté les agents qui travaillaient sous son prédécesseur. Jusqu’à ce jour, ce problème de recrutement des agents communaux est loin d’être résolu.

Lors du dernier conseil de la communauté qui s’est tenu du 30 mars au 5 avril, les grands conseillers, au regard des manquements observés dans la réalisation de certains gros ouvrages dans la ville de Bafoussam, par les soins des services techniques de la Cub, avaient à leur tour remis en question la qualification des ingénieurs recrutés par l’actuel délégué. Certains sont présentés comme étant ses cousins. Des accusations dans lesquelles il dit ne pas se reconnaître. A la commune d’arrondissement de Bafoussam 3e, le Secrétaire général a confié que le recrutement du personnel est fait sur la base d’un besoin exprimé par le maire au conseil municipal et est par conséquent budgétisé. « Quand le besoin est exprimé, nous recevons par la suite des demandes d’emploi des différents postulants. Surtout que la loi précise que les temporaires qui travaillent dans une commune doivent être recrutés au bout de six mois, la catégorie et l’échelon devant être précisés ».

Contrairement à la commune de Bafoussam 2e, il n’existe pas une commission en charge de recruter le personnel. Toutefois, le Sg rassure que le recrutement se fait sans monnayage et sans favoritisme ; mais sur la base du mérite.

Dans d’autres communes, celles situées en zone rurale et gérés par de richissimes hommes d’affaires, encore parfois taxés de maires non-résidents, les procédures sont loin d’être les mêmes. De sources dignes de foi, certains recrutements sont faits sur la base d’une simple recommandation et n’ont pas besoin de faire l’objet d’une délibération du conseil municipal. Aussi, l’agent recruté peut être également licencié sur un coup de tête du maire. « Les recommandations ne manquent jamais. Chacun cherche par exemple à amener les siens au sein de la commune. Il s’agit souvent des frères, cousins ou des enfants des amis du maire ou de ses collaborateurs les plus influents», a révélé un agent communal. Ce qui n’est pas sans avoir des conséquences plus ou moins négatives sur le rendement de la collectivité territoriale décentralisée. Par ailleurs, certains employés de mairie ne cessent de s’offusquer de ce que les magistrats municipaux sont toujours en train de taxer leurs collaborateurs d’incompétents. Des jugements qui à leur avis sont essentiellement subjectifs.

A en croire nombre de personnes, seule la signature du statut particulier des agents communaux pourra permettre de mettre un terme aux exactions auxquelles sont soumis les agents communaux, qui ne sont pas des fonctionnaires.

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Auteur

Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

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