Crise des ordures : HYSACAM est là, mais aucun changement
Son parc automobile vieillissant, la croissance démographique dans les métropoles, les embouteillages permanents qui ralentissent le transport des déchets vers les centres de traitement et surtout les impayés de l’Etat. Voilà ce qui rend la structure contre productive.
Les pouvoirs publics ont annoncé que dans l’urgence la somme de 10 millions d’Euros, a été débloquée au compte d’Hysacam, représentant la moitié du montant global de la créance dues à l’entreprise de ramassage et de traitement des ordures ménagères au Cameroun qui ploie sous le poids de créances impayés par l’État. Ce déblocage lui a permis de se remobiliser en dotant de véhicules son parc automobile devenu vétuste après une décennie de fonctionnement à plein régime.
Cette société participe à la précollecte des déchets, à travers la pose des bacs à ordures dans des endroits bien définis. Le prestataire fait de la collecte porte à porte par des bennes tasseuses sur les voiries accessibles et par les bacs à ordures dans les quartiers de haut standing et les zones d’habitat planifié. De manière générale ; le taux officiel de collecte et d’évacuation des déchets solides dans les villes varie entre 15 et 40 %, ainsi 60 à 85% reste dans les quartiers (selon les chiffres du Document national de stratégie nationale de gestion des déchets). Les municipalités dans le cadre du système de régie collectent les déchets des décharges sauvages d’ordures à l’aide des camions.
C’est dans ce sillage que l’entreprise s’engage à des heures définies du ramassage d’ordures au marché Mokolo ; Approché par Villes et Communes, Eric, un ouvrier mentionne : « les déchets présents dans le marché sont collectés à partir de 6h du matin, et pour la nuit les camions se mobilisent dès 22H30 et plus pour aller dans les déchèteries de Nomayoss ou Nkolfoulou, mais ceci n’empêche en rien que nous retrouvons toujours les ordures dans tout le marché à la reprise. »
D’autres entreprises de collectes d’ordures entrent en jeu en 2018
C’est du moins ce que révèle une correspondance datée du 25 janvier 2017 et adressée au secrétaire général des services du Premier ministre, par son homologue de la présidence de la République ; au sujet de l’organisation du ramassage des déchets dans les centres urbains.
«Dans l’optique d’une meilleure gestion du secteur d’activités susvisé, et eu égard aux difficultés récurrentes rencontrées par la Société d’hygiène et de salubrité du Cameroun HYSACAM, j’ai l’honneur de vous faire connaître que Monsieur le président de la République a prescrit l’ouverture à la concurrence de l’activité de collecte et de traitement des ordures dans les centres urbains.», révèle Ferdinand Ngoh Ngoh.
En clair, selon les détails de la correspondance, le gouvernement camerounais devrait bientôt lancer un appel d’offres invitant d’autres entreprises camerounaises ou étrangères à soumissionner pour des contrats de collecte et de traitement des ordures ménagères, soit sur l’ensemble du territoire camerounais, soit dans certaines villes ou communes bien précises.
Si les appels d’offres n’ont pas encore été lancés, les autorités municipales de Yaoundé font savoir que le ministère des Marchés publics (Minmap) est déjà en possession du dossier y afférent. Aussi, l’année 2018 ne saurait s’achever sans que l’on ne voie entrer en scène, de nouvelles entreprises spécialisées dans la collecte et le traitement des déchets ménagers. Si tout se passe dans les normes, cela pourrait être effectif au plus tard en avril 2018, vu que d’après Cameroon tribune, « le contrat avec Hysacam s’achevant le 31 décembre 2017, la Communauté urbaine de Yaoundé(CUY) a sollicité une prolongation de trois mois pour éviter la rupture dans le service du ramassage.» Ce sont 40 milliards de FCFA qui seront mis à la disposition des nouveaux prestataires pour une période de cinq ans. Si c’est une prolongation plutôt qu’un renouvellement de contrat qui a été sollicitée par la CUY, c’est que HYSACAM a rencontré d’énormes difficultés dans l’accomplissement de ses missions au cours des dernières années.
Au rang des « difficultés récurrentes » ayant justifié cette prescription du chef de l’Etat à ouvrir la concurrence dans ce secteur, HYSACAM évoque certes un parc automobile vieillissant, une croissance démographique des métropoles et des embouteillages permanents qui ralentissent le transport des déchets vers les centres de traitement, mais s’appesantit davantage sur les impayés de l’Etat. Ce que ne nie pas la CUY.
D’ailleurs, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Jean Claude Mbwentchou a récemment reconnu au sénat qu’ HYSACAM revendique le paiement par le gouvernement des arriérés de plusieurs milliards de FCFA.
Il a dévoilé que le Premier ministre, a instruit le ministre des Finances de procéder à leur apurement et son département ministériel, qui assure la tutelle technique de cette société, suit attentivement le dossier. Etant entendu que dans l’appel d’offres en préparation, le mode de paiement du ou des prestataires retenus sera le même qu’avec HYSACAM (15% pour la Communauté urbaine de Yaoundé et 85% pour le budget de l’Etat), l’opinion publique se demande si l’Etat qui se trouve aujourd’hui insolvable vis-à-vis d’un seul opérateur, pourra inverser la courbe lorsqu’ils seront plusieurs.
Surtout que d’ici-là, rien n’augure que les contraintes conjoncturelles évoquées pour justifier le non-paiement des prestations seront levées. Entre temps, l’entreprise qui sur le terrain détient encore le monopole dans le secteur, affute ses armes pour faire face à la concurrence. Le 19 octobre 2017, le président directeur général de HYSACAM, Michel Ngapanoun, paraphait une convention de prêt de 24,5 milliards de FCFA pour l’acquisition de 211 camions et de 17 engins lourds. Le matériel roulant dont la livraison est prévu pour s’achever en mars 2018 au plus tard, devrait permettre à l’entreprise d’étendre ses services à 16 millions de bénéficiaires. Mais surtout, de créer 500 emplois au cours des cinq prochaines années. Avec ses travaux, chacun des habitants de cette ville et bien au-delà devrait prendre conscience de l’impact de son geste quand il jette son emballage de bâton de manioc ou des peaux de mangue en dehors de la poubelle.
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