Benskin: à la naissance du phénomène
Ils sont peu nombreux ceux qui se souviennent de l’origine du mot avec lequel on désigne l’activité de transport urbain par moto. Bref retour sur l’histoire.
Au milieu de la décennie 1980, un opérateur économique originaire du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest-Cameroun, décide d’explorer de nouveaux horizons. A la base, il importe des motos d’occasion du Japon, notamment des Suzuki. Cela lui donne déjà un avantage considérable sur les concessionnaires qui proposent des motos japonaises au prix moyen de 1,5 million de Fcfa.
Il ne le sait pas encore, mais quand Jean Rostin Tchinda qui a décliné notre invitation à compléter les informations collectées autorise son neveu, Célestin Tagou, à mettre en location-vente des motos aux jeunes désœuvrés Mbouda de Bepanda dans la deuxième moitié des années 1980, il vient de lancer le phénomène«Benskin».Beaucoup en ontsans doute perdu lesouvenir, mais lemot «benskin» quisera popularisé avecla chanson à succèsd’André Marie Talasortie en 1993 et surtout le groupe Kouchouam Mbadacréé au milieu desannées 1990, avaitété donnée aux premières motos utilisées pour le transport urbain. Il s’agitdes Suzuki FR 50 qui, de manièreassez curieuse,avaient donné auxhabitants de Douala l’impression d’une personne courbée aux sales besognes? Puis vient l’époque des Suzuki FR75, toujours des motos qui vivent une deuxième jeunesse en Afrique après avoir fait le bonheur de la société nippone.
Mais c’est incontestablement avec la Suzuki K50 que l’activité de conducteurs de mototaxi va connaître un essor singulier. Surnommé «chien noir», ce modèle fera longtemps le bonheur des «benskineurs» et des populations de la capitale économique avant la déferlante des Kymco, Timo, Lifang, Boxer et surtout Sanili et Nanfang.
Le temps sans doute pour les importateurs de constater qu’il est possible de «brander» les motos qu’ils font venir au Cameroun du nom qui leur convient le mieux.L’on est définitivement loin desYamaha, Kawasaki et Suzuki. Mais entre temps les principales villes des 10 régions du pays ontvu fleurir des conducteurs prêtsà vous emmener même où peude voitures tout terrain s’aventureraient. Et ce, à des prix défiant toute concurrence.
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