Ntoumba Minka range sa guitare basse et casse sa puissante voix
Serge Alain Godong rend hommage à Ntoumba Minka, bassiste et chanteur camerounais de 59 ans décédé, le 17 février 2020 à Melun (France) où il résidait, dans des conditions qui restent à élucider. Il y a quelques jours, il donnait rendez-vous à ses fans pour un concert le 7 mars en l’honneur des femmes.
Il avait réussi à croiser comme personne dans le makossa, une rythmique ivoirienne faite de percussions viriles et d’une guitare solo exaltée, avec l’éclat de cette base qui fait l’écrin de la musique Camerounaise, depuis toujours. Sa technique de chant (en Bassa’a et en français, essentiellement) était toute ivoirienne, mais les textes profondément Yaoundéens, sa ville d’origine qui résonnait dans tout son lyrisme un brin anticonformiste et le parti pris qu’il s’était résolument profilé comme anti-bourgeois, un peu comme Valsero, mais sur une approche moins extrême, plus ironique.
A cette extension, sa musique était unique, un son définitivement à part dans la foisonnante histoire de la musique camerounaise. Pour faire simple, on pourrait dire qu’il faisait du makossa, mais un makossa exclusif, qui résonnait de sa seule et unique voix, de son seul et unique talent.
De tous ses albums, le deuxième était de loin le plus réussi. Celui qui comporte justement une chanson d’hommages à Joseph Antoine Bell, composition athlétique et joyeuse, mais injustement méconnue.
Ntoumba meurt évidemment trop tôt, sans avoir obtenu la reconnaissance qu’il méritait largement. Il meurt après avoir laissé une empreinte inimitable et grandiose, parce que construite sur l’exigence de ceux qui font ce qu’ils ont à faire non pour plaire, mais pour explorer et trouver le chemin intérieur de leur vérité et de leur pureté.
Je suis pour ma part triste, évidemment mais surtout heureux d’avoir très tôt été de ceux qui ne se sont jamais trompés sur toi : tous tes albums, je les ai achetés et les ai fait écouter autour de Serge moi, avec passion. Je suis fier de t’avoir connu par le fait exclusif de ton art et te dis au revoir pour ce long voyage, où ta voix puissante résonnera désormais en écho de toutes les voix d’ici et d’ailleurs, que nous avons aimées et qui nous restent à tout jamais pendues à l’horizon, comme des preuves mélancoliques de notre mémoire déclinante
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