Municipales 2020 : Les 14 maires de ville connus après dictées et simulacres d’élections
Le parti au pouvoir, sûr de son fait dans 13 des 14 communautés urbaines, Ngaoundéré exclue, n’a ni fait durer l’illusion démocratique, ni favorisé une saine bataille entre prétendants sur des projets de société. Le Secrétaire général du Rdpc a notifié aux grands conseillers la nomination des tout nouveaux maires de ville par le Président du parti.
La disparition des délégués de gouvernement laisse place à l’entrée en fonction, ce 3 mars 2020, de la deuxième vague des tout nouveaux maires de ville, consacrés dans la loi n°2019/024du 24 décembre 2019, portant Code général des Collectivités territoriales décentralisées. L’élection des maires de ville était pourtant l’une des innovations du Code que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) s’est empressé de verrouiller, provoquant à certains endroits la grogne non voilée de ses propres militants.
Les “nominations” les plus agitées
Maroua
Il aura fallu trois jours pour que Robert Bakary, délégué du gouvernement depuis 2008, sache à céder son bureau. Le premier jour, le 3 mars, l’élection a tourné au vinaigre avec plus de votants que de candidats le 3 mars. Le 4, à la reprise décidée par le préfet du Diamaré, Jean-Marc Ekoa Mbarga, il y avait plus d’ombres que d’éclaircies. Out Hamadou Hamidou, le maire de Maroua 1er qui rêvait de la Communauté urbaine, ou encore le ministre Adji Abdoulaye Haman et Djamila Babalé. Le Comité central du Rdpc a “nommé” Sali Babani, un cadre du ministère de la Communication, honni par les conseillers électeurs. Pour marquer lerur désapprobation, deux candidatures spontanées du même parti ont émergé empêchant tout consensus : Gadji Bouba et Halilou Bouba. Face à eux, Amadou Hamadou du Fnsc, dont les chances n’étaient pas minces en cas de candidatures multiples du Rdpc. Pour rappel, le collègue électoral était composé du Rdpc (55 conseillers), du Fsnc (35), de l’Andp (8), de l’Undp (6) et du Mdr (1).
Au final, le 5 au soir, la dictée préparée par Etoudi a été lue sans faute, même si 5 militants du Rdpc ont voté nul. Pour bien signifier sa reconnaissance à la source de sa légitimité, Sali Babani, 50 ans, premier maire de ville de Maroua, a tenu les propos suivants : “Je voudrais ici et maintenant reconnaître l’acte que le chef de l’Etat a posé à mon endroit”. Tout est dit et la grogne de l’opposition qui s’était fédérée derrière le candidat du Fnsc n’y change rien.
Douala
Pour savoir à quel point le thermomètre a explosé, il faut noter qu’il a fallu deux jours aux acteurs en présence pour savoir qui remplacerait Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement depuis 2006. L’investiture de Roger Mbassa Dine a dû faire face à celles de Jean Jacques Lengue Malapa, Maire de Douala 1er, Isaac Ngwem Mode et Jérémi Solle. Malgré les invitations à respecter le choix de la hiérarchie du Rdpc, Lengue Malapa a refusé de céder. En face, Mbassa Dine, lui aussi, refuse le risque d’un vote qui pourrait lui valoir une défaite alors qu’il est investi par le parti dont se réclame son plus farouche adversaire. Tensions et bagarres vont caractériser la fin des travaux et obliger un report.
A la reprise le 4 mars, le fruit des tractations et peut-être intimidations pousse l’entêté maire de Douala I à jeter l’éponge avec un discours qui peine à convaincre grand monde sur “l’intérêt supérieur du Rdpc” qu’il vient pourtant d’exposer aux yeux du monde comme un parti profondément opposé à la démocratie et à la décentralisation dont l’élection des maires de ville devait être un héritage. Faudra repasser.
Au bout du feuilleton humiliant, par pure forme, Jean Jacques Ekindi du Mouvement progressiste, convaincu de sa défaite avant les courses, va se présenter face au le candidat nommé par Yaoundé et s’en tirer avec 25 voix contre 235. Mbassa Dine, 66 ans, ancien sénateur et ancien secrétaire général du ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), devient le premier maire de ville de Douala. Il aura comme adjoints : Dr Jérémie Solle, Dr Roger Njitchoua, Léonide Ndome Moukoko Ebolle et Marie Louise Adzogo.
Yaoundé
L’injonction de la hiérarchie d’élire Luc Messi Atangana, Secrétaire permanent du Conseil national de la décentralisation depuis 2015 et conseiller municipal dans le 3e arrondissement de Yaoundé a buté contre la candidature de Jean Marie Abouna, déjà maire de Yaoundé 1er où il a détroné Emile Andze Andze, en poste depuis 1996. Les deux avaient annoncé leur intention de devenir maire de ville. Mais Jean Marie Abouna jusqu’au bout a refusé de se coucher. Au final, après instruction appuyée de la hiérarchie du parti, le nom dicté est passé devant les 338 conseillers électeurs. La grogne de ce passage en force prendra du temps à s’estomper.
M. Messi Atangana va ocuper le siège occupé depuis 2005 par Gilbert Tsimi Evouna, le délégué du gouvernement sortant. En tant que maire d’une ville découpée en 7 arrondissements, il a 4 adjoints: Simon Mvogo Mboa, Flavienne Enoa, Palalu Mindjiyawa et Christian Mbianda Kwayeb.
Bamenda
Le premier maire de ville de Bamenda s’appelle Paul Achombong Tambeng, 55 ans, Ingénieur de génie civil. Il était unique candidat et a été élu par 58 voix sur 62 de son parti, tandis que les 31 conseillers du Sdf digéraient mal le fait que le Préfet Simon Mooh Emile leur ait refusé le droit de nominer un candidat du Rdpc, en l’occurrence Louis Angwafor, dont la candidature a été plusieurs fois rejetée.
A peine élu, M. Achombong s’est empressé de remercier celui à qui il doit d’être maire de ville, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale. Il prend le relais de Vincent Ndumu Nji, délégué du gouvernement depuis 2009. Ses adjoints sont : Ndoh David Chi (Rdpc) et Lucas Nguh Aging (Sdf).
Les “lettres à la Poste”
Ngaoundéré
Seule ville, où deux-tiers des communes d’arrondissement ont échappé au Rdpc pour se retrouver dans l’escarcelle de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), Ngaoundéré a plébiscité un exécutif entièrement Undp. Le Maire, Bobbo Salihou, maire de Ngaoundéré 1er de 2007 à 2020, est assisté de Mama Koulsoumy et Ibrahima Nana.
Bobbo Salihou prendra le témoin laissé par Hamadou Dawa, délégué du gouvernement depuis 2009.
Limbé
Le nouveau maire de ville n’est autre que l’ex-délégué du gouvernement, Andrew Motanga Monjimba (2009-2020). Ce sexagénaire a été élu le 25 février par 72 des 75 conseillers électeurs.
Edile d’une ville de 3 arrondissements, il aura pour adjoints Karen Tanga et Emmanuel Kountchou.
Garoua
Ousmaïla Mohamadou, 56 ans, docteur vétérinaire et Coordonnateur régional du Programme national de développement participatif (Pndp) pour le Nord depuis 2004, est le nouveau maire de ville de Garoua. Sa “nomination” a été entériné par 81 voix contre 15 à son adversaire Aliou Garga de l’Undp. Il va devoir renoncer au poste de maire de Garoua II obtenu après le 9 février.
Il remplace Ahmadou Bouba, délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Garoua depuis 2008. Il aura 2 adjoints : Asmaou Abdou et Noivouna Hakassou.
Ebolowa
62 électeurs devaient choisir entre Dr Daniel Edjo’o, 50 ans, médecin, Louis-Clément Mevoungou, président de section Rdpc Mvila Centre I et Achille Akom. M. Edjo’o a finalement remporté la mise de la “nomination”, puisque seul candidat finalement. Il remplace Guy Roger Zo’o Olouman, délégué du gouvernement depuis 2009, après avoir été maire de la commune urbaine d’Ebolowa (2003-2008).
Adjoints: Richard Mvondo Eya et Irène-Christian Bissa.
Bafoussam
Le 25 février dernier, Emmanuel Nzete a été le premier des 14 délégués du gouvernement à céder son siège au nouveau maire de ville élu par 124 des 126 conseillers électeurs. Il était en poste depuis 2009, après avoir été de 1987 à 1996 maire de la commune urbaine de Bafoussam.
Il a passé le témoin à Roger Tafam, 54 ans, Commandant du groupement actif des douaniers du secteur Littoral II entre ainsi dans l’histoire comme le tout premier Super Maire au Cameroun.
Ses 2 adjoints sont : Mouafo (Sdf) et Negou (Rdpc).
Bertoua
Le nouveau patron de la Communauté urbaine de Bertoua créée en 2008 est Jean Marie Dimbele, 56 ans,professeur des lycées d’enseignement technique, précédemment délégué régional du ministèrede l’industrie, des mines et du développement technologique (Minimidt) à l’Est et au Littoral.
Il remplace Wouamane Mbele, nommé délégué du gouvernement le 13 août 2018. Ses adjoints sont: Richard Messe Peng et Massawa Abaga Nama.
Kribi
Le remplaçant de Louis Jacques Mazo à la Communauté urbaine de Kribi (2009-2020) se nomme Guy Emmanuel Sabikanda. Celui qui a été maire de Kribi II de 2007 à 2020 a le profil de l’emploi.
Ville disposant de 2 arrondissements, Kribi a droit à 2 adjoints au maire.
Edea
Tou comme Kribi, Edea a 2 communes d’arrondissement qui lui valent deux adjoints au maire de ville. Ils accompagneront Emmanuel Albert Nlend, Pharmacien, qui a été élu le 25 février 2020. Il remplace Dieudonné Nzoke, délégué du gouvernement depuis 2003.
Il est le fondateur de l ‘association Graines de vie, qui, depuis 2005, aident les orphelins du Cameroun à lutter contre la malnutrition et l’analphabétisme.
Kumba
Le chef-lieu du département de la Meme, région du Sud-Ouest, est découpé en 3 communes d’arrondissement qui ont été jusqu’alors dirigées par le Social democratic front (Sdf) dont les maires étaient souvent en friction avec Victor Ngoh Nkelle, délégué du gouvernement depuis 2009.
La reconfiguration politique issue des municipales du 9 février dernier a permis au Rdpc de reprendre la ville, facilitant ainsi l’élection de M. Ngoh Nkelle, 59 ans, comme nouveau maire de ville de Kumba, au détriment de Gregory Ntemoyok Mewanu.
Il sera secondé par Me Victorine Ebanja et Macmillan Sako.
Nkongsamba
Fréderic Nzoki Epoh, 53 ans a été élu maire de ville de Nkongsamba par 72 des 75 votants. Il est enseignant de formation. Après avoir été proviseur du lycée de Manengouba puis du lycée de Melong Centre, il était à date Délégué départemental des Enseignants secondaires du Moungo.
Pour rappel, un maire de ville ne peut pas en même temps être maire ou adjoint de commune d’arrondissement. Toutefois, il est acquis que le maire de ville est “conseiller municipal d’une Commune d’arrondissement de ladite Communauté Urbaine, [et] est une personnalité autochtone de la Région de rattachement de la Communauté Urbaine” (alinéa 1 de l’article 246).
Lorsque le Ministre de la décentralisation et du développement local (Minddevel) aura constaté l’élection des nouveaux maires par arrêté, les préfets procèderont à leur installation officielle, ouvrant donc la voie à leur prestation de “serment devant le tribunal d’instance compétent” (article 201) “avant leur entrée en fonction”.
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