Endettement en devises étrangères : la BAD avertit les pays africains

Endettement en devises étrangères : la BAD avertit les pays africains

 Les pays africains ont émis 18,3 milliards de dollars de dette libellée en euros et en dollars, alors que les devises africaines s’affaiblissent face au dollar.

La Banque africaine de développement (BAD) regarde d’un œil inquiet certains pays africains qui « surpayent » les obligations en dollars. Une situation qui pousse la banque panafricaine à mettre en garde les pays africains des coûts du service de la dette, à un moment où les devises s’affaiblissent par rapport au dollar.

18,3 milliards de dollars émis

La BAD a également pointé du doigt, le fait que les taux d’intérêt élevés rendent les obligations africaines attrayantes pour les investisseurs, malgré les questionnements sur l’ampleur réelle de l’endettement de pays comme la Zambie et la République du Congo. « Entretenir une obligation de 30 ans à un rendement de 950 points de base, c’est très élevé », a alerté Akinwumi Adesina, président de la BAD, en marge d’un événement organisé par la Banque à Johannesburg.

Le dernier pays à avoir recours aux obligations, notamment les euro-bonds est l’Angola qui a levé 1,25 milliard de dollars en euro-obligations qui dureront jusqu’en 2048 à 9,3%. Les obligations en dollars vendues par les gouvernements africains ont pour l’heure un rendement moyen de 6,91% contre 5,66% en janvier, selon les indices de la Standard Bank. Les pays africains ont émis globalement pour 18,3 milliards de dollars de dette libellée en euros et en dollars !

Le Nigeria, le Kenya, le Sénégal, l’Egypte et l’Angola ont tous émis des tranches de 30 ans, alors que le Ghana prévoit de vendre jusqu’à 2,5 milliards de dollars d’euro-obligations en 2018 et 3 milliards de dollars en Afrique du Sud.

Parallèlement, le taux d’endettement public moyen de la région a augmenté de près de 20% au cours des 6 dernières années pour atteindre 53% du PIB. Il n’empêche que la BAD estime que la dette publique en Afrique reste loin du niveau critique, tout en appelant les gouvernements à privilégier l’émission d’obligations en monnaie locale, plutôt que d’assumer les risques liés à des obligations libellées en devises étrangères.

Le danger du taux de change

Cette recommandation vise à éviter un déséquilibre monétaire, sachant que les actifs dans lesquels un gouvernement investit génèrent des revenus en monnaie locale, alors que la dette doit être remboursée dans une devise étrangère.

« Si vous avez un faible taux de change, cela signifie que vous allez utiliser une grande partie de votre argent pour rembourser votre dette » a alerté Adesina.

La dette en monnaie étrangère a grimpé de 40% entre 2010 et 2017, selon le FMI alors que les paiements d’intérêts moyens sont passés de 4% des dépenses en 2013 à 12% en 2017.

Six pays : le Tchad, l’Erythrée, le Mozambique, la République du Congo, le Soudan du Sud et le Zimbabwe ont été jugés en situation de surendettement à la fin 2017 par le Fonds, alors que les notations du FMI pour la Zambie et l’Ethiopie ont été changées d’un risque de surendettement modéré à élevé. Il n’empêche que le Fonds concède que les besoins considérables du continent continueront à exiger de lourds investissements pour la mise en place d’infrastructures et le financement du développement local.

 

Source: Reuters

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Auteur

Nadia Dicka Lobe
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Journaliste passionnée, elle fait ses débuts en presse écrite, puis en radio. Au fil du temps elle se familiarise avec la rédaction web. Récemment son travail est axé sur les questions de décentralisation, de gouvernance locale et de développement local.

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