Bandjoun dévoile ses charmes

Bandjoun dévoile ses charmes

Visite guidée au cœur d’une nature luxuriante, de lieux chargés de signification, de fantasmes enracinés et de mythes millénaires du village qui a vu naître André Marie Talla, André Siaka ou encore André Fotso.

«Quand, des contreforts du Mont-Cameroun, on monte vers les hauts plateaux Bamiléké, Bandjoun […] se dresse comme d’antiques propylées, à l’entrée des Grassfields hérissés de toits coniques, autour de ces villages dynastiques […] où les ancêtres refusent de mourir, et prêtent leur visage à tous les arbres de la forêt devenus masques ou piliers sculptés peuplés de toutes les tribus, à l’ombre des toits de chaume. Le nom de Bandjoun au milieu de tout cela retentit comme la voix grave du tambour au clair de lune, à la saison des grands rassemblements de la tribu. Bandjoun […] est un symbole ; l’histoire en raccourci de ce qui fut ici la civilisation camerounaise des Hauts Plateaux». Ces mots ne sont pas ceux du Roi ou du Maire de Bandjoun, mais bien celles d’Engelbert Mveng de regrettée mémoire.Située dans le département du Koung-Khi (Ouest Cameroun) dont elle occupe les trois-quarts de la superficie, Bandjoun, la belle s’étend sur 264 km2 à environ 270 km de Yaoundé et 10 minutes de Bafoussam. Bandjoun a la particularité d’avoir deux communes : Pété-Bandjoun et Demdeng. Le territoire de Bandjoun est coupée en deux zones : une première, peu vaste et presque vide qui longe le fleuve Noun sur près de 28 km, avec une altitude de 900 à 1100 m. La deuxième zone, quant à elle, pointe à 1500 m d’altitude. Identité remarquable des «Grassfields», le royaume de Bandjoun («gung a djo» en Ghomala, la langue du pays) compte plus de 150 000 habitants. Ce royaume a été fondé au début du XVIIIe siècle par le prince chasseur immigrant

Notuégom, fils du Roi Tchoungap de la chefferie Nepèguè (noyau de l’actuel Baleng). A la suite d’une dispute à propos d’un partage d’huile de palme et d’un projet de succession avec ses frères Tayo (héritier légitime) et Mouafo (futur fondateur de Balengou), il s’était enfui en compagnie de quelques partisans. Il s’était alors installé comme chasseur plus loin au sud-est, dans une région giboyeuse et divisée en une dizaine de petites chefferies rivales et indépendantes telles que Dibu, Mouwè, Moudjo, Soung Deng Mbem, etc. Notuégom réussit à obtenir la confiance du puissant Foadibu, le chef de Dibu et épousa sa fille. Un jour, le chasseur envoya du gibier à son beau-père. Le monarque retourna à son gendre le sac rempli de légumes, par l’intermédiaire de sa fille. Etrangement, le bracelet de cuivre, insigne du pouvoir et symbole de la royauté de Foadibu, se trouvait dans le sac, soit parce qu’il y était tombé par mégarde, soit parce qu’il y avait été déposé par inadvertance ou même caché par la princesse au bénéfice de son mari. C’est ainsi que Notuégom se retrouva paré du fameux objet et fut donc aussitôt reconnu comme fô. Notuégom agrandit sa petite chefferie en soumettant plusieurs roitelets du voisinage, en accueillant des étrangers venus d’ailleurs et en achetant des esclaves. C’est de là qu’est venu le nom de Bandjoun, une déformation de Padjo (peles gens; djo-acheter, par extension pays des gens qui achètent). Le pays fondé par des originaires de Nepèguè, Leng (Baleng) sera appelé Leng-Djo.

C’est à la tête d’une chefferie en plein essor que Notuégom disparut de façon mystérieuse, probablement par noyade, dans un marigot situé à Pu’muneyeh, l’un des lieux de culte les plus sacrés de Bandjoun, qui sera transformé plus tard par Fotue Kamga, en centre administratif. Les successeurs du fondateur s’employèrent à étendre le territoire de Bandjoun et le pouvoir royal, à asseoir les institutions politiques, sociales et religieuses par la ruse et la force, à développer les arts.

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Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

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