Au cœur des finances locales
S’il y a bien un sujet sur lequel tout le monde sonde les maires et qui les divise avec le gouvernement, c’est celui de l’argent. Le colloque a permis de découvrir la palette de contrôles qui existe en matière de finances locales.
Avec son intervention intitulée «La modernisation budgétaire et comptable en tant qu’outil d’amélioration de la gouvernance financière des communes», Charlie Martial Ngounou, président exécutif de l’Osc Afroleadership et Représentant local de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) en Gouvernance et Finances publiques et locales, a permis aux participants de mesurer à quel point le nombre de contrôles financiers des collectivités locales prévus ou non par les pouvoirs publics était important : brigades du Minatd, tutelle préfectorale, brigades du Minfi, Trésorier payeur général territorialement compétent, Contrôle supérieur de l’Etat, partenaires au développement, administrations en charge des marchés publics, sans compter depuis peu la société civile, les médias, et les citoyens.
Pour cet expert, la redevabilité est tout un programme : «Rendre compte dans notre entendement et dans un processus de développement économique local, suppose une bonne compréhension des responsabilités, une déclinaison claire et précise des résultats attendus, une prise en compte des intérêts d’acteurs divers et la diffusion des effets de cette responsabilité à périodicité établie, à travers une information fiable, vérifiable, complète, exhaustive, organisée, exploitable et présentée suivant des modalités et des formats compréhensible par tous, en vue d’accroître de manière concrète le sentiment de participation, d’inclusion de tous les acteurs de développement».
Au demeurant se demande-t-il: «Comment les collectivités peuvent-elles raisonnablement rendre compte de leurs actions lorsqu’elles ne possèdent ni les structures efficaces, ni les infrastructures permettant de les accompagner ?» Surtout dans un environnement où tout le monde attend tout et n’importe quoi des collectivités territoriales décentralisées, alors que paradoxalement, l’accroissement des charges à assumer par les communes ne s’accompagne ni quantitativement ni qualitativement de ressources financières, logistique ou humaines conséquentes. Pour M. Ngounou, dans ces conditions, réussir le pari de la redevabilité, suppose surmonter l’insuffisance de perception des exigences professionnelles en général et notamment en matière budgétaire et comptable des acteurs communaux, mais aussi l’insuffisance en nombre et de qualification des agents communaux en matière budgétaire et comptable. C’est aussi surmonter la faiblesse infrastructurelle des collectivités et développer une nouvelle culture de gestion axée sur les résultats et non plus seulement sur les moyens en terme de régularité et conformité. Pour s’en assurer, la question du suivi-évaluation ne peut plus être subsidiaire, quand on sait que «hommes d’affaires et entreprises exploitent justement ces insuffisances structurelles des communes pour se faire de l’argent.
L’on comprend mieux pourquoi le ministère des Finances et le Comité chargé de modernisation des services financiers des Collectivités territoriales ont été séduits par le progiciel de gestion budgétaire et comptable SIM_ba offert gracieusement aux collectivités locales camerounaises par l’Aimf. Les premiers résultats de son déploiement sont attendus.
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