Les présidentielles à suivre dans le monde en 2020

Plusieurs pays ont rendez-vous avec les urnes cette année. Revue générale et décryptage des enjeux. Premier round : les présidentielles.

Le bouquet : les Etats-Unis en novembre

Tout le monde a les yeux rivés aux Etats-Unis sur la présidentielle de novembre, où Donal Trump, malgré la procédure d’impeachment dont il fat l’objet de la part du parti démocrate, se présente en favori. Face à lui, en attendant les premier tour des primaires démocrates le 03 février prochain lors du causus de l’Iowa, pas moins de 13 candidats (un record) sont en lice, dont Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama (candidat en 1988 et 2008), Bernie Sanders, le sénateur du Vermont (candidat en 2016) ou encore Michael Bloomberg, milliardaire, ancien républicain et ancien maire de New-York.

Incertitudes dans plusieurs pays d’Afrique

Les citoyens des pays suivant vont élire un nouveau président cette année : Togo (22 janvier), Abkhazie (22 mars), Kiribati (mars), Haut-Karabagh (31 mars), Chypre du Nord (19 avril), Bolivie (3 mai), République Dominicaine (17 mai), Burundi (20 mai), Pologne et Surinam (mai), Islande (27 juin), Biélorussie (30 août), Moldavie, Guinée et Tanzanie (octobre), Côte d’Ivoire (31 octobre), Palaos, Tadjikistan et Burkina Faso (novembre), Seychelles (décembre), Ghana (7 décembre), Niger et République Centrafricaine (27 décembre).

Toutefois, une attention particulière est portée sur quelques pays dont l’actualité laisse présager des crises post-électorales. C’est le cas en Abkhazie où le scrutin anticipé est organisé suite à un soulèvement populaire qui a conduit à la démission du président Raul Khajimba, réélu de manière controversée en 2019. C’est aussi le cas en Bolivie, où à la suite des élections générales d’octobre 2019, le président sortant Evo Morales du Mouvement vers le socialisme a été contraint par l’armée de démissionner et de fuir le pays. Le gouvernement par intérim mené par Jeanine Anez du Mouvement social-démocrate a fait annuler les résultats de ces élections et annoncé la tenue de nouveaux scrutins.

En Afrique, les cas du Togo, du Niger, du Burundi, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire préoccupent. En Côte d’Ivoire, le sortant Alassane Ouattara avait expliqué en 2017 qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession. Mais, depuis plusieurs mois, il laisse planer le doute sur son éventuelle participation au scrutin présidentiel en octobre 2020, surtout qu’il a fat modifier la Constitution en 2016, pour se représenter au delà de son deuxième mandat qui s’achève cette année. Comme candidats potentiels, il y a Henri Konan Bédié, ancien président et chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et surtout Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion ivoirienne et ancien président de l’assemblée nationale qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par le régime.

Au Togo, le président Faure Gnassingbé est candidat à un quatrième mandat, une réforme constitutionnelle datant de 2016 rendant cela possible malgré la grogne populaire que cela a suscitée. Situation aussi tendue au Niger qui est agité par un important mouvement de contestation depuis qu’Alpha Condé, 81 ans, manoeuvre pour briguer un troisième mandat sous le couvert d’une modification constitutionnelle. L’opposition a annoncé en décembre 2019 qu’elle boycottera les législatives prévues le 16 février et tentera d’empêcher leur tenue.

Au Burundi, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 ne se représente pas. Son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd), a porté son choix ce 26 janvier sur le général Évariste Ndayishimiye, 52 ans, pour briguer le fauteuil présidentiel. Un choix  opéré il y a longtemps, officiellement par le Conseil des sages, l’organe de décision du CNDD-FDD présidé par Pierre Nkurunziza, avec l’aval du groupe de généraux issus de l’ex-principale rébellion hutu au pouvoir. Il s’agit d’une junte militaire qui contrôle en sous-main tous les leviers du pouvoir et qui a opéré un curieux virage évangélique depuis le début de la crise de 2015. Ce qui permet de comprendre le propos religieux du général Ndayishimiye qui a assuré que Dieu le Tout-Puissant lui a envoyé depuis un certain temps des « signes » qui lui montrent qu’il a été choisi pour ce « destin hors du commun », comme ce « pigeon s’est posé sur la tête de (sa) épouse il y a quelques jours ».

Au Niger, le président Mahamadou Issoufou n’est pas candidat à sa succession. Seïni Oumarou, du Mouvement national pour la société de développement (Mnsd), l’ex-président Mamadou Tandja et l’opposant Hama Amadou du Mouvement démocratique nigérien (Moden) actuellement en prison dans le cadre d’une affaire de trafic de bébés se présentent en favoris.

En Rca, Faustin-Archange Touadera se présentera aussi pour une reconduction, mais dans un contexte où son premier bail a été marqué par une guerre civile qui a fait 4,7 millions de déplacés et réfugiés et causé la partition du pays avec seulement le tiers du territoire contrôlé par le pouvoir. Face à lui, il pourrait y avoir l’ancien président François Bozizé, revenu d’exil en catimini en décembre et qui a déclaré le 27 janvier que rien ne l’empêchait d‘être candidat, bien que des sanctions de l’Onu pèsent sur lui dans le cadre de la crise de 2013 et son soutien aux milices antibalaka. Autre potentiel candidat, Michel Djotodia, le chef de file de la Séléka, la coalition qui avait renversé François Bozizé en 2013, rentré d’exil le 10 janvier et reçu dès sa descente de l’avion par le président.

Quant à la Libye, qui a dû reporter la présidentielle depuis 2018 à cause de la guerre civile, l’on attend de savoir quelle éclaircie s’annonce à l’horizon. Parmi les potentiels candidats se trouvent  Saïf al-Islam, fils de l’ex-guide libyen qui se présente sous la bannière du Front populaire de libération de la Libye, et Aref Ali Nayed, ardent défenseur du transfert du pouvoir démocratique et pacifique en Libye, présenté par le parti Ihya Libya. Depuis 2011 et l’agression du pays par l’Otan sous l’impuslion de Nicolas Sarkozy, l’ancien havre de paix est dans un chaos que l’assasinat de Mouammar Kadhafi a rendu ingérable avec de nombreux groupes armés et deux gouvernements antagonistes. Une situation qui a fait dire à Sassou Nguesso, président du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye, le 6  janvier devant le corps diplomatique accrédité à Brazzaville, que “toute stratégie de règlement de la crise libyenne tendant à marginaliser le continent africain pourrait se révéler complètement inefficace et contre-productive”.

Pourtant, c’est avec sérénité que des pays comme le Ghana ou le Burkina Faso iront aux urnes, avec la question de savoir s’il faut reconduire Nana Akufo-Addo. et Roch Marc Christian Kaboré qui se présentent pour un second mandat. Si le premier cité part grand favori face à l’ancien président John Mahama, fort des résultats de sa politique de relance du développement économique et de réduction des inégalités, ce n’est pas le cas du second dont le pays est secoué par une recrudescence des attaques terroristes qui font douter de sa capacité à assurer la sécurité.

Ouverture du bal dans 4 pays

Certains pays ont d’ores et déjà organisé des présidentielles depuis le début de l’année. C’est le cas en Croatie le 5 janvier où Zoran Milanovicdu Parti social-démocrate a battu la présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarovic avec 52,7% des voix.

Le 6 janvier, dans les Iles Marshall, les députés élus en novembre 2019 ont choisi à 22 voix contre 10 David Kabua, candidat de l’opposition, en lieu et place de la présidente sortante Hilda Heine.

Le 11 janvier, à Taiwan, la présidente sortante Tsai Ing-wen du Parti démocate progressiste a été réélue avec 57,1 % des voix face à deux autres candidats de l’opposition.

Le 22 janvier, la Grèce a élu pour la première fois une femme comme présidente de la République. C’est en effet par scrutin indirect que le parlement a porté la candidate indépendante Ekaterini Sakellaropoulou à la tête du pays, à al suite d’un consensus entre les principales forces politiques.

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Auteur

Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

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