Nomayos : Un W.C. géant à la périphérie de Yaoundé

L’accès à la décharge de Nomayos n’est pas facile. Villes&Communes vous propose une incursion dans ce lieu qui reçoit les camions chargés des déchets en provenance de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Reportage.

orMombnaadynioskssoeemmstoesnistuér dlansrol’uadtrequi mène à Douala à partir de Yaoundé. Quelques mètres avant l’intersection qui ressort au quartier Mendong, il y a une route mal entretenue qui décourage tout aventurier. La moto qui nous transporte est obligée de nous laisser juste après le bitume. Le conducteur ne veut pas se risquer aux représailles des agents de la mairie qu’il a identifiés à distance. Il y a un « péage » érigé par la commune de Mbankomo. C’est le premier obstacle qu’il faut traverser. Un sourire et un geste de la main ont suffi pour se camoufler comme un habitué du lieu. Commence alors la marche à partir d’une piste qui empêche d’être au contact de l’épaisse boue sur la route creusée par les roues des camions de vidange des toilettes. Aucun assainisseur durant ce périple. La fraîcheur de la boue montre tout de même des récents passages. L’on observe aussi des traces de vidange sur la route à certains moments. Perdu dans la broussaille, nous apercevons de la fumée. À quelques mètres un chien et une dame entrain de sarcler son champ. À notre question sur le lieu de la décharge, elle s’exclame : « tu veux qu’on vienne nous enfermer ? Ça profite aux villageois et à la commune », s’écrie cette dame, épouse d’un chef de groupement de la localité. Et de poursuivre qu’il y a des gens qui viennent aussi transporter ces déchets dans des gros sacs. Mais, indique-t-elle aussi, des produits chimiques sont régulièrement déversés au-dessus des matières fécales pour faciliter leur déversement vers le ruisseau situé en aval du lieu de décharge des camions citernes.

D’un geste de la main, elle indique le chemin. Il est opposé du lieu où elle se trouve. Ce n’est pas facile ! prévient-elle. Effectivement, le parcours est parsemé d’embuches. Des hautes herbes se mêlent aux plants de maïs qui occupent les abords de la route spécialement adaptée aux assainisseurs. Tout serait fait exprès pour dissuader les passagers ordinaires. À chaque fois, il faut une nouvelle stratégie. À un moment, le reporter décide de vaincre cette route fortement enclavée. C’est une présence humaine qui viendra interrompre ce projet à risque. « Vous voulez avoir la boue jusqu’aux genoux ? », s’interroge un homme perché sur un abord de ce chemin.

Il oriente vers une autre piste. Malheureusement, c’est une fausse piste. Elle ne mène pas vers la décharge. Mais dans un marécage où on peut voir de la matière fécale sur l’eau. À côté des raphias, se trouve un bidon de 20 litres de couleur bleu. Pris de peur, nous revenons vers la route. L’alerte déclenchée, notre informateur revient vers nous en réaffirmant le sens de la route. Après des pourparlers, il deviendra finalement notre accompagnateur. Il se saisit d’une machette « on ne sait jamais, un reptile peut être sur notre passage », prévient-il. La piste se trouve dans un champ de maïs hauts de plus d’un mètre. À quelques obstacles, notre accompagnateur fraie un passage. À certains endroits, la terre est noire, signe des déchets des toilettes de Yaoundé. « Vous voyez, les plants sont plus gros ici » fait-il remarquer. Arrivés à un carrefour, il indique que c’est le lieu de la décharge. Pas de bac pour recevoir la matière fécale. Tout est déversé sur le sol. Les traces des roues de voitures attestent le sens que prennent les déchets. Le bas fond, puisque la décharge est située sur une colline où l’on entend le vrombissement des véhicules qui se relaient sur l’axe lourd. Il y a à côté des sacs de 50 kg utilisés pour l’emballage du riz et de la farine dans les marchés du pays. Pas de mouche comme on pourrait le penser. Il y a une marre d’eau verte à un endroit. Le reste est noir. L’accompagnateur familier de la localité informe qu’il s’agit d’un terrain privé mis à la disposition de l’exécutif municipal de Mbankomo depuis belle lurette. Le lieu n’est pas ouvert aux journalistes, explique l’accompagnateur. Suspectant notre identité, il propose un chemin opposé afin d’éviter tout désagrément avec le poste de «péage» situé à l’entrée du site.

Non ! Lui oppose le reporter. Sur le chemin du retour, il explique que les villageois attendent la construction d’une route et l’aménagement du site. Un bac plus moderne serait annoncé du côté de la mairie de Mbankomo. En attendant, les cours d’eau situés à l’aval de la décharge de Nomayos sont fortement exposés à cette matière fécale mais aussi aux produits chimiques non identifiables. Une autorité administrative du département de la Mefou-etAkono, sous anonymat voit le risque encouru par les populations qui utilisent l’eau des rivières pour leurs multiples activités domestiques.

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Auteur

Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

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