« L’université a quelque chose à apporter »

Dr Samuel Théophile Batoum-Ba-Ngoue

Vice-Doyen chargé de la Recherche et de la Coopération, Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université de Ngaoundéré

Peut-on dire que les villes universitaires ont un avantage sur les autres villes de manière générale et particulièrement en matière de décentralisation ?

Tout à fait, parce que les villes universitaires ont la possibilité de mettre en place des formations adaptées à la décentralisation. Et par conséquent, accompagner les collectivités territoriales décentralisées à la mise en œuvre de la décentralisation. Et c’est dans ce cadre que la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Ngaoundéré a mis en place deux licences professionnelles : l’une en administration des collectivités territoriales décentralisées et une autre en conseil juridique fiscal. Donc, ces deux formations peuvent aider les collectivités à être éclairées sur un certain nombre de choses, relativement à la décentralisation. Nous pensons notamment aux problèmes de coopération décentralisée, aux problèmes de formation des différents acteurs de la décentralisation. Tout cela peut se faire au sein de l’université, parce que celle-ci a l’expertise nécessaire pour ce faire.

Que peuvent concrètement apporter les universités et partant l’élite intellectuelle au plein succès du processus de décentralisation dans notre pays ?

L’élite intellectuelle a l’avantage de comprendre beaucoup plus facilement un certain nombre de choses et par conséquent à jouer le rôle de courroie de transmission entre le pouvoir central et le petit peuple. Parce que c’est ce relais-là qui manque. Le pouvoir central existe, le peuple existe, mais il n’y a pas un point de convergence où les deux composantes, les gouvernants et les gouvernés peuvent se retrouver pour échanger. Et de ce point de vue, nous pensons que l’élite qui a le bagage intellectuel approprié, qui a la facilité de se retrouver aussi bien au niveau du pouvoir central qu’au niveau du peuple, cette élite, disais-je, peut servir le rôle d’interface, d’entregent entre le petit peuple et les décideurs.

Quels avantages la coopération inter-universitaire peut-elle générer pour le développement des communes camerounaises ?

A mon sens, les universités ou alors les villes universitaires ont l’avantage d’avoir la population estudiantine, et ces étudiants peuvent mener des recherches relativement aux préoccupations des communes. Cela peut faciliter une sorte d’échanges entre les préoccupations d’une ville universitaire et celles d’une autre ville universitaire. Et à partir de ce moment, soit à travers les échanges des travaux de recherche ou alors des publications, les villes universitaires peuvent être au courant de ce qui se passe ailleurs dans différentes villes universitaires. Ceci peut permettre aux enseignants de ces universités de contribuer à l’amélioration et à l’avancement du processus de décentralisation.

En matière de coopération décentralisée, quelles sont les pistes qui devraient être explorées par les élus locaux ?

La coopération se divise en deux : la coopération décentralisée interne et la coopération internationale. Sur le plan interne, il y a ce qu’on appelle l’intercommunalité. Les communes d’une même région peuvent créer des associations, peuvent mener ensemble un certain nombre de projets que toutes seules elles ne peuvent pas mener. Et de ce point de vue, l’intercommunalité ou la coopération en interne peut permettre d’impulser le développement de plu- sieurs communes d’une région et même du Cameroun.

Maintenant s’agissant de la coopération décentralisée que les communes camerounaises peuvent établir avec les communes d’autres Etats, cette coopération a besoin d’être implémentée à travers un certain nombre de contrats. Quand on parle de coopération, on parle de contrats. Il faudrait que les contrats soient bien ficelés afin que la coopération soit « gagnant-gagnant ». De ce point de vue, cette coopération doit être accompagnée d’expertises de ceux-là mêmes qui sont habitués à traiter des problèmes des collectivités, voir donc comment les collectivités d’un autre environnement peuvent contribuer à la promotion et au développement des collectivités sur le plan national et vice-versa. On ne peut procéder que par des échanges d’expertises, d’informations, tout cela logé dans les contrats de partenariat bien ficelés.

Précedent S’unir pour le financement des projets
Suivant Emplois-types communaux : pour plus d’efficacité

Auteur

Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

Voir tous les articles de cet auteur →

Vous pourriez aussi aimer

Dossiers

Gouvernance locale : la guerre du droit à la communauté urbaine de douala

L’on s’achemine véritablement vers un dénouement judiciaire. Le bras de fer qui oppose l’instance urbaine de la ville de Douala depuis un an à ses « ex-employés » n’a pas encore livré

Dossiers

1er Colloque international 15 – 18 février 2011

Les pouvoirs locaux en débat La reconfiguration des pouvoirs locaux à l’ère de la décentralisation avait meublé les travaux de 2011. La première édition du Colloque internationale de Yaoundé sur

Actu

JMH 2019 – Gestion des déchets plastiques : 600 000 tonnes de menaces

Parmi les défis mondiaux les plus-en vue, se situe le management des ordures. Partielle exigence pour avoir des villes vertes et donc des logements résilients, leur transformation demeure une équation

0 Commentaire

Aucun commentaire pour l'instant!

Soyez le premier à commenter cet article!

Laisser un commentaire