Langues nationales : en attendant le gouvernement

A la faveur de la rentrée académique 2012-2013, nous vous proposons un dossier consacré aux Ecoles rurales électroniques en langues africaines (Erela).

Lorsqu’en 2005, le professeur Tadadjeu lance le concept d’Ecoles rurales électroniques en langues africaines (Erela), il ne se doute pas qu’il décollera avec autant d’enthousiasme, y compris au sein des diasporas camerounaises d’Europe et des Etats-Unis. Certes, les premiers balbutiements de la promotion des langues nationales datent de 1973 avec la création Comité de langue pour l’étude et la production des œuvres Bamiléké- Mәd̀ ʉm̂ bὰ (Cepom) à l’École normale supérieure de Yaoundé, suivie entre 1978 et 1981 de la phase préparatoire du Programme de recherche opérationnelle pour l’enseignement des langues au Cameroun (Propelca) et en février 1996 de naissance de l’Association nationale des Comités de langues camerounaises (Anaclac), une fédération de plus de 80 associations militant pour le développement des langues nationales. Mais avec Erela, Maurice Tadadjeu qui est déjà derrière Propelca et Anaclac, donnera un coup d’accélérateur à la valorisation des langues et cultures camerounaises (Lcc). C’est ainsi qu’on verra en 2008 la création, à l’Ecole normale supérieure, d’un département des Langues et cultures camerounaises.

Bouquet culturel national

Dans «Pour le libéralisme communautaire» (1987: 116-117), Paul Biya relevait déjà que sur 236 langues recensées au Cameroun, 100 sont standardisables. C’est dire si le gouvernement est interpellé à matérialiser les engagements que le Chef de l’Etat y prenait : «Au niveau ethnique, il faut encourager le développement de toutes les langues nationales, véhicules privilégiés des cultures ethniques. Il importe de ce fait que chaque langue exprime la culture qu’elle véhicule. Ainsi produits, ces joyaux culturels seront transférés sur la scène nationale au grand bénéfice de la collectivité. Il convient donc de laisser épanouir toutes nos fleurs linguistiques, phase historique nécessaire et indispensable à la confection du bouquet culturel national». […] L’on ne sera descendu au fond de [la] personnalité ethnique [de chaque Camerounais] que pour en remonter avec ce que l’ethnie détient d’excellent et dont la nation entière doit bénéficier, à travers les langues nationales et à travers les langues officielles ». Si ce n’est pas une grande réalisation attendue, ça y ressemble. En attendant un signal fort du gouvernement, le programme Erela rencontre des difficultés parmi lesquelles : les limites d’insertion dans les programmes scolaires classiques, l’inadéquation des infrastructures scolaires, le déficit qualitatif des ressources humaines, un déficit de visibilité et la carence des ressources matérielles et surtout financières.

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Kamdem Souop
Kamdem Souop 343 Articles

Écrivain, éditeur et spécialiste de communication sur le changement de comportement social, il a dirigé le journal en ligne www.villesetcommunes.info et la WebTv www.villesetcommunes.tv de 2011 à 2020.

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